Ma respiration me paraît plus forte.
J'entends chacun de mes souffles, comme s'ils étaient non pas en moi, mais autour de moi.
Le moindre petit soupir est amplifié.
Aucun autre bruit.
A part celui de l'eau.
Un clapotement. Juste ma respiration.
Qui est trop vive.
Trop forte.
Je me sens pourtant bien. Étrangement bien même. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas fait ça. Depuis que j'ai passé le chien à plusieurs tête en fait. Depuis que ma mère est morte. Ça me paraît loin maintenant, et pourtant, cela fait à peine quelques mois que je suis ici.
De nouveau, je flotte.
Comme auparavant, en compagnie de quelques crocos. Mais aucun qui ne sache parler. Mes discussions avec le vieux Saurus que j'avais rencontré un jour me manquent. A-t-il enfin trouvé le courage de se libérer ? Est-ce vraiment cela, la liberté ?
Apprend on à flotter, ou bien cela vient-il naturellement ?
Si je regarde longtemps le ciel, j'aurais presque l'impression de m'y trouver, de flotter là-haut, et non pas si bas.
Je ne suis plus mouillée.
Je ne suis plus félys.
Ma respiration marque le tempo. De quoi donc ?
Et je nage.
Et je vole.
Tout en douceur.
Je flotte, ailleurs.
Ici.
D'un simple mouvement de bras, d'une petite poussée de pied. Il suffit d'ouvrir grand les bras, comme pour accueillir le ciel, et de doucement les refermer sur moi, en faisant le moins de vague possible.
Sans rompre la surface de l'eau.
Sans autre bruit que ma respiration.
Ne faire plus qu'une avec tout ça.
Et pourquoi pas... Pourquoi pas cesser de flotter.